La Brasserie Amos – Metz – 1868/1992
Toute aventure industrielle est une aventure humaine. Celle de la Brasserie Amos n’échappe pas à cette règle, bien au contraire. De Gustave Amos à Gérard Frantz la personnalité des dirigeants d’Amos a été déterminante. Esprit pionnier et de développement pour les uns, clairvoyance et volonté d’adaptation aux réalités du marché pour les autres, pendant plus de 120 ans ils ont su donner à Metz sa Brasserie. Nous vous proposons de découvrir cette galerie de portraits, quelques images de la vie d’Amos et une série d’objets publicitaires. Cet hommage serait incomplet s’il ne saluait pas en même temps les milliers d’ouvriers, brasseurs et employés qui ont été les ferments naturels d’une entreprise dont le nom restera attaché à Metz.
La Dynastie AMOS
Gustave Amos (de 1868 à 1910)
Troisième enfant d’une famille en comptant huit, Gustave Amos est né à Wasselone en 1840. Son père Jean exploite successivement une fabrique de chandelles, puis de savon. Très jeune Gustave s’initie aux techniques de brassage chez son oncle Edouard, brasseur à Wasselone.
La brasserie Amos à Wasselone (collection J.Sassi)
Il va faire de ce métier son destin. Après un tour de France au cours duquel il se perfectionne aux techniques de brassage, Gustave s’installe à Metz en 1868. Il loue pour trois ans, puis rachète à Jean-Baptiste Reinert, la brasserie située à l’angle des rues Hollandre-Piquemal et d’Heltz, face à l’hôpitale Belle-Isle. Les lieux deviennent rapidement trop exigus et, en1874, la brasserie se déplace au Sablon.
Cette en-tête de facture datée de 1889 confirme les informations données ci-dessous. De plus on remarque qu’à l’origine l’entrée principale donnait sur la rue de l’actuelle rue du XX° Corps Américain. Le frère de Gustave Amos cultivait des mûriers pour vers à soie dans le jardin situé à droite de l’entrée (Facture de la collection Jacques Sassi).
Le débit et les bureaux de la rue Hollandre-Piquemal sont conservés. La brasserie est utilisée comme malterie jusqu’en juin 1907.
Pendant l’annexion, le débit était le lieu de rencontre de la bourgeoisie messine d’origine française de Metz. On rapporte qu’en 1895, un ancien notable messin de 72 ans éxilé à Pont-à-Mousson, faisait quotidiennement à bicyclette le trajet jusqu’à Metz pour rejoindre la tablée des habitués entre 17 et 19 heures.
(collection Jacques Sassi)
En 1905, la brasserie est devenue une industrie importante, le fondateur, père de 6 enfants, transforme son affaire en Société Anonyme.
En 1910, il meurt écrasé par un fiacre, devant les portes de sa brasserie.Son prénom reste à tout jamais attaché à l’histoire de la Brasserie Amos, de Metz et du Sablon.
Gustave Amos fils (de 1910 à 1920)
Gustave « fils » est né en 1870. Conseiller municipal, il succède à son père à la tête de la brasserie en 1910.
Malgré la concurrence des brasseries nouvellement implantées et avec une production de 70000 hectolitres, la Brasserie Amos est alors la troisième production en bière en Moselle.
Plusieurs éléments influent favorablement sur la production de bière:
- Les petites brasseries cessent progressivement leur activité;
- L’importate garnison stationnée en Moselle, les fonctionnaires et les commerçants d’origine allemande sont une population grande consommatrice de bière;
- Qui plus est, le phylloxéraattaque les vignobles, les pieds de vigne sont arrachés et contrairement à l’Alsace ne sont pas replantés. La production de vin décline,encouragé en cela par les instances dirigeantes, le goût de la population se tourne vers la bière, boisson fraîche, désaltérante et peu alcoolisée.
La Guerre de 14/18 met fin à cette croissance. La production diminue des 3/4. Malgré tout, la brasserie Amos arrive à maintenir son activité et dès 1918, la production repart de plus belle.
Gustave laissera en 1920 la direction de l’entreprise à son frère Jean.
Jean Amos ( de 1920 à 1949)
Jean Amos est né en 1893. Il est le fils cadet de Gustave, le fondateur
Premier adjoint au maire de la ville de Metz, il prend la direction de la brasserie en 1924. Il en sera le grand modernisateur.
Entre les deux guerres, la Brasserie Amos nourrit de grandes ambitions. Elle atteint une production annuelle de 180000 hectolitres.
Première brasserie régionale, elle détient 30% des actions de la Brasserie de Basse-Yutz. La guerre de 1939 met fin aux projets de rachat.Après la capitulation, Amos est mise sous tutelle d’une brasserie de Dortmund. Les matières premières sont chères et rares. Les bénéfices sont virés sur un compte en Allemagne. A la Libération, seule une petite partie de la somme sera récupérée. Il faut reconstruire,Jean Amos s’attelle à la tache avec succés.
Source : L’Illustration du 03/08/1929
(Collection Jacques Sassi)
Salle de Brassage
Salle de Brassage
Cave de fermentation et ses cuves de 1000 hl. chacune
Cave de garde à trois étages
Salle de soutirage
Salle des machines
1930Publicité paru dans la revue « Metz Etudiant »collection Jacques Sassi
1936 publicité parue dans le journal « le Messin »collection Jacques Sassi
Robert Frantz (de 1949 à 1959)
Robert Frantz est né à Metz en 1894. Il est le premier de la troisième génération. Petit fils de Gustave, le fondateur de la brasserie, il est le fils de Lucie Amos et du docteurEmile Frantz. Robert est chirurgien-chef à l’hôpital Belle-Isle, implanté en face de l’ancienne Brasserie Amos.
Avec l’aide de son frère, maître Alfred Frantz, il profite de la reprise économique et développe le rayon d’action de la brasserie.
Lorsqu’il disparait en 1954, il laisse à Paul Amos une entreprise à nouveau en pleine expansion.
Paul Amos (de 1959 à 1962)
Autre petit-fils de Gustave, Paul Amos est administrateur de la brasserie depuis 1925. Il va poursuivre la politique de proximité de la Brasserie Amos.
Paul est à l’origine de l’installation de la salle d’embouteillage dans les anciens locaux techniques et écuries de la rue Mangin, en face de la brasserie.
Il cède la direction de l’entreprise à Gérard Frantz en 1962, tout en restant président d’honneur jusqu’à son décès en 1965
Gérard Frantz (de 1962 à 1989)
Nouveau passage de génération en 1962, les actionnaires appellent à la direction de la brasserieGérard Frantz, arrière petit-fils de Gustave, fils de maître Alfred Frantz et de Lucie Amos.
Gérard poursuit la modernisation de la brasserie.Il fait construire l’entrepôt du Graoully, rachète le fond de la Brasserie Lorraine en 1967, participe, en 1974, à la création de société REGA (Reuter-Graoully-Amos).
En 1989, sous la conduite de cet homme d’entreprise, la brasserie produit 230000 hectolitres . La diversification est forte, mais la marge d’évolution est étroite. Gérard Frantz s’appuie sur la bonne situation de l’entreprise et négocie la reprise de l’entreprise par la Brasserie Karlsberg de Hombourg dont une des clauses est le reclassement de tout le personnel. Le brassage se poursuit à Metz jusqu’en 1992. La production de la bière Amos se poursuit à Saverne par Karlsbrau, filiale française de Karlsberg. Le Maître Brasseur en fonction à Metz, Jean-Marie Vuillemard, est toujours aux commandes des brassins de Saverne, il permet aux inconditionnels « Amos », qui boivent leur bière favorite dans la fameuse « Tasse » de continuer à se délecter au comptoir.
Comment expliquer la fermeture ce fleuron de l’industrie mosellane?
La tendance aux regroupements des entreprises à l’échelle européenne, n’est pas la seule explication à la cessation d’activité de la dernière Brasserie Messine.
- Les locaux sont devenus trop exigus et il est impossible à la brasserie de s’agrandir. Si, à son édification en 1874, la brasserie est isolée des constructions, il n’en est plus de même en 1989. Le quartier du Sablon s’est urbanisé et les nuisances sonores et olfactives, bien que les inconditionnels les trouvent bien sympathiques, ne sont pas au goût de la majorité des riverains.
- L’implantation de la brasserie dans un autre site s’avère aléatoire.
- Amos qui a toujour misé sur une distribution locale et régionale ne possède aucune ligne ferrovière privée qui relie la brasserie au réseau SNCF. Pour conquérir le marché européen, il devient indispensable de le réaliser, ce qui est devenu impossible. Les frais de manutention, charger les produits dans les camions, les décharger dans les wagons grèvent le budjet transport.
- Les actionnaires de la Brasserie Amos, entreprise familiale, sont des descendants du fondateur Gustave. Comme on le sait, il s’agit d’une famille comptant de nombreux descendants, réunir et motiver tous ces actionnaires dispersés devient problématique.
C’est en 1994 que le conseil municipal accouche d’une ZAC de 3,6 hectares. Le chantier de démollition débute en 1998. Les premiers appartements sont livrés en 1999.
AMOS Une histoire d’Eau et de Glace :
L’eau:
La qualité et la quantité de l’eau sont indispensables à l’élaboration de la bière.Suivant les brasseries, l’on compte de 5 à 10 litres d’eau pour produire 1 litre de bièreAprès la brasserie de Roubaix, la Brasserie Amos était celle dont le coût de revient de l’eau était le plus élevé.Et pourtant, ce n’était faute d’avoir cherché de bonnes sources. - 1880 : Gustave Amos dépose une requête pour obtenir une concession sur les eaux de Gorze - 1906 : La brasserie procède à des travaux de sondage. Un puit de 12m. de haut descend à 80m. de profondeur. Les frais s’élèvent à 55000 marks. Peine perdue, la nappe saumâtre est inutilisable par la brasserie. - 1920 : La Brasserie Amos passe un contrat avec la SNCF pour utiliser les eaux du château d’eau situé près de la gare. Malheureusement, cette eau ne répond pas aux normes exigées pour l’élaboration d’une bière de qualité.
Et la glace
- 1885 : La Brasserie Amos est la première brasserie en Moselle à se doter d’une machine à produire de la glace. - 1893 : La brasserie qui a conquis une part importante des marchés de la région s’équipe d’une seconde installation de production de glace . - 1966 : La majorité des cafetiers sont équipés d’appareils réfrigérants. Les pains de glace sont principalement utilisés par les poissonniers et les restaurants proposant du poisson(comme le buffet de la gare), la production de glace ne s’impose plus. De plus, les prix encadrés ne permettent plus de rentabiliser cette activité. Le marché est cédé à la Brasserie Lorraine.
AMOS : LA PRODUCTION ANNUELLE EN CHIFFRES :
Années Hectolitres
1881……….22000
1900……….30000
1904……….65000
1914……….70000
1916……….21000
1928……..160000
1929………180000
1930………185000
1983………180000
1989………230000
Les chopes en verre. (collection Jacques Sassi)
Une polémique pendant l’annexion de 1870, relatée par le journal « la Gazette de Lorraine » ,proche de l’occupant, avait pour cause que les brasseries indigènes (d’origine française) servaient la bière dans des contenants en verres de plus petite contenance que les chopes en grès allemandes.
La Tasse Amos, le verre des inconditionnels de la Bière Amos
(Collection Jacques Sassi)
Flutes Amos (Collection Jacques Sassi)
Chopes en verre Amos (Collection Jacques Sassi)
La botte Amos
Les chopes en grés (Collection Jacques Sassi)
Plaque de propreté (collection Jacques Sassi)
Disques doux et durs (Collection Jacques Sassi)
Disque doux sur les électrophones
Et …Disque dur sur les pare-brises (Collection Jacques Sassi)
Pendule Amos (Collection Jacques Sassi)
Cendriers Amos (Collection Jacques Sassi)
cendriers et ramasse-monnaie (Collection Jacques Sassi)
Cendrier en émaux de Longwy réalisé en 1990 pour la reprise de la Brasserie Amos par la Brasserie Karlsbrau (Collection Jacques Sassi)
Publicités sous verre (Collection Jacques Sassi)
Publicités sur support carton
Glacoïdes (collection Jacques Sassi)
Calendrier 1953 (Collection Jacques Sassi)
Plaques émaillées (Collection Jacques Sassi)
Toles peintes (Collection Jacques Sassi)
METZ ET BALLON ROND:
calendrier des matches du FC METZ saison 1956/57
Une belle époque ou Metz jouait en D1 contre Reims, Marseille,Nîmes, Nice, Valenciennes, Sedan, Lyon ,Monaco, Saint-Etienne, Rennes, Toulouse, Sochaux, Nancy, Angers
étiquettes brasserie Amos
étiquettes bière Pils
étiquette bière de Mars
étiquette bière brune
étiquette spéciale Urtyp
étiquette bière export
modéle réduit wagon (la Brasserie Amos n’avait pas de ligne privée ni de wagon contrairement à la Brasserie Lorraine)
autre modèle réduit
Réalisation : M. SASSI JACQUES
La maison d’hôtes
Bois de Coulange
57360 Amnéville les Thermes
Contacts : www.lamaisondhotes.fr
Sources: Archives départementales de la Moselle- M. Gérard Frantz – M. Vuillemard – Tribunal de Commerce de Metz
Recherche la généalogie des familles de brasseurs Lorrains
. Tout document relatif aux brasseries de Moselle(même photocopiés)
Collectionne : Cartes postales des Brasseries de France
Cartes postales des Cafés- Restaurants de Moselle
Tout objet publicitaire de brasseries
De nombreux échanges possibles
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