JOSEPH HITTER (1808-1887)- Brasserie de Saint-Julien-les-Metz
le Brasseur
Joseh Hitter, fils d’un combattant français d’Auerstädt, est né à Kaysersberg en 1806. On le voit faire sa formation de brasseur en Alsace, puis il se perfectionne Allemagne et en Belgique. Son compagnonnage le mène en Meuse ou il se marie le 02/12/1840 à Houdelaincourt avec Marie-Anne Françoise Fotré.
Fort de ses expériences, Joseph Thomas Hitter décide de s’installer comme brasseur. En octobre 1851, il crée sa propre brasserie à Metz, au 11 de la rue Mazelle, à proximité du quartier d’une corporation florissante à Metz, celle des tanneurs.
Homme d’action, il est le premier à installer en Moselle une brasserie fonctionnelle inspirée de la technique dite en cascade, technique qui sera reprise plusieurs décennies plus tard par les brasseries industrielles mosellanes. A une époque ou les brasseries fonctionnent de manière empirique, il innove et organise sa brasserie dans un bâtiment situé à l’arrière du débit.
La malterie est équipée d’un germoir à grain dans les caves,d’un moulin à manège au rez de chaussée, d’un séchoir au premier étage et d’une touraille au second.
Dans la salle de brassage, trois chaudières de 9 à16 hectolitres prolongent les cuves matières et précèdent les bacs rafraichissoirs.
Le débit, doté d’un billard donne sur la rue passante.Au premier se situent les magasins et au second les logements.
En 1856, il reprend à Madame Ferry Marguerite, propriétaire, l’exploitation de la brasserie de Saint-Julien les Metz, à proximité des nouvelles tanneries, ainsi que les vignes qui l’entourent. Cette Brasserie, crée par sa propriétaire en 1845 était mise en gérance à Monsieur Joseph Renaudin. Ce dernier, âgé de 48 ans, né à Xivry le Franc, venait d’être condamné à cinq années de réclusion pour faits de faillite frauduleuse et l’établissement mis en vente le mercredi 04/08/1856 avec maison d’habitation, pièces de terre près des glacis, vignes, potager,débit de boisson, ainsi que tout le matériel nécessaire à l’exploitation de la Brasserie.
Le 2 juin 1856, M.Hitter demande à abattre 4 arbres de la plantation qui gêne son exploitation route départementale N°7, le 4 l’ingénieur donne son autorisation. Le brasseur devra verser la valeur de ces arbres, 32 francs, à la caisse départementale.
Le 8 juillet 1856, Joseph Hitter demande l’autorisation d’établir un trottoir à ses frais, elle sera refusée.
En novembre 1857 Joseph Hitter rachète à Madame Magot épouse du sieur Nicolas Mouriot,propriétaire et charretier, écuries avec greniers, cour, souterrain et jardin
La brasserie modèle sera cédée à Monsieur Jung Guillaume qui, pour la petite histoire s’implantera quelques années plus tard au Sablon, en face de la Brasserie de Gustave Amos dont il épousera la fille Pauline en mai 1861.
En Mars 1863, le couple Hitter se sépare de corps et de biens. Joseph associe sa brasserie située à la sortie de Saint-Julien-les Metz, route d’Antilly à Monsieur Louis Alphonse Labrosse, né à Remonville le 26/10/1834 et veuf de Anne Marie Lamy depuis le 20/09/1867. Le 27/10/1868, le brasseur Labrosse uni sa destinée à la fille de Joseph et Marie-Anne Hitter.La brasserie est cédée au gendre et Joseph Hitter décide de prendre une retraite bien méritée, l’Histoire en décidera autrement.
JOSEPH HITTER
LE HEROS
ou « LE CORSAIRE MESSIN »
C’est avec beaucoup de légéreté que le 19/08/1870 Napoléon III déclare la guerre à la Prusse.
Le 2/08/1870 l’empereur engage les combats à Sarrebruck.
Le 6/08/1870, les troupes prussiennes entrent en Lorraine, à la stupeur de ses habitants.
Le 14/08/1870, débute la bataille de Borny et le 19 le siège du camp retranché de Metz.
Le 27/10/1870, Bazaine livre Metz, hommes, armes et munitions à l’ennemi.
Le 23/01/1871, un armistice est discuté à Versailles entre Jules Favre et Bismarck.
Le 21/02/1871, débutent les discussions du traité de Versailles avec Thiers, devenu chef du pouvoir exécutif.
Le 01/03/1871,les députés français ratifient le traité de Versailes par 546 députés (les capitulars) contre 107. L’Alsace et la Lorraine trahies sont sacrifiées sur l’hôtel de l’intérêt national. Une annexion de près d’un demi-siècle débute.
Les Lorrains sont-ils aussi passifs et défaitistes que sa garnison et son commandement?
En pleine préparation du blocus de Metz par l’armée prussienne, le mercredi 17/08/1870, le brasseur Joseph Hitter qui maîtrise parfaitement la langue allemande, propose à un convoi de ravitaillement prussien de le guider (il faut savoir qu’à cette époque la ville de Metz est entourée de bocages, houblonnières et surtout de vignes, les franchir et s’orienter n’est pas aisé).
- Les Dragons à Gravelotte Tableau de E. BRISSET- (on observe que la bataille se déroule dans une culture de houblon sur perche) Source M. J-Paul Jacques , collectionneur de cpa et matériel agricoles
Equipé d’un fusil de chasse, il détourne à proximité de la Porte des Allemands deux voitures de farine qui seront exposées sur la place de l’Esplanade. Les trois occupants du convoi sont faits prisonniers.
Ainsi débute la légende de Joseph Hitter surnommé « Weisser Bär », l’Ours Blanc, par ses ennemis, rapport à sa taille, à sa crinière et à sa barbe blanches.
D’après l’ordonnance du 3 mai 1832, sur le service des armées en campagne, ses prises lui reviennent en partie, comme pour les corsaires.
Le 20 août, armé de son fusil de chasse et de deux pistolets, il capture trois voitures d’avoine et leurs occupants.
L’armée prussienne le voit partout, craint et respecté il devient la terreur de l’ennemi.
Le 22 août l’état- major français l’autorise à recruter 25 éclaireurs. Il en enrôle 18 qui méritent d’être cités :
de Bussières - Mahieu - Sérisier - Pêchenot - Dussert - Coinchelin - Selle - Salles – Raymond - Cazal
- Panier - Daudel - Dupuy - Saint-Amand - Poré - Mallé - Gaillou - Camproux -
Le jour même, le colonel directeur de l’arsenal, par ordre du général Coffinières livre à Hitter et à ses partisans 25 chassepots et 1500 cartouches.
Le maréchal Le Boeuf, commandant le 3ème corps rédige un message à ses troupes ainsi libellé : « Laisser passer, à tous les avant-postes du 3e corps, M. Hitter, capitaine des éclaireurs volontaires de Metz ».
Avec l’aide de ses francs-tireurs, il s’empare d’un convoi de huit voitures à deux chevaux chargées de vivre et fait quinze prisonniers
En collaboration avec les francs-tireurs de Vigy il mène une attaque sur Noiseville, dans les carrières, au lieu dit « l’Amitié », à Sainte-Barbe et à Villers l’Orme. Avec ceux de Frouard, il dirige une embuscade sur la route de Failly à Bouzonville.
Il ne se passe pas une nuit sans qu’un coup de main soit porté à l’ennemi. L’Ours Blanc devient la terreur des prussiens tout en leur inspirant le respect.
-Image d’Epinal- le Brasseur Hitter - Source M. Martin Historien
A la reddition de Metz, les Francs-Tireurs de Hitter et Véver sont repliés dans la ville puis démobilisés sur ordre du général Coffinières de Nordeck. Ce qui qui leur évite la captivité ou un sort plus cruel puisque les allemands ne leur reconnaissent pas la qualité de belligérants réguliers. En effet von Molkte avait déclaré: » Tout franc-tireur sera assimilé à un malfaiteur; il sera passible du Conseil de Guerre immédiat qui peut prononcer la peine de mort… ». D’âpres négociations, lors de la reddition, permirent de les faire assimiler à des militaires de plein droit et ils ne furent pas inquiétés.
Le retour à la paix impose des choix douloureux, Joseph Hitter opte pour la nationalité française et doit quitter la Moselle. Il émigre à Pont-à-Mousson. A la frontière, il est identifié par les militaires de la Garde prussienne qui reconnaissent en lui un adversaire courageux, patriote et digne, ils lui présentent les armes.
Le 6 août1887, sous l’emprise de violentes douleurs résultant de rhumatismes goutteux, L’Ours Blanc se tire une balle dans la région du coeur. Il serait malheureux que ce héros et ses frères d’armes soient oubliés .
LE PETIT FILS
GEORGES LABROSSE
LE COMBATTANT DE LA GUERRE DU DROIT
Le 4 décembre 1872, Louis Alphonse Labrosse brasseur à Saint-Julien-les-Metz inscrit la Brasserie Labrosse-Hitter au tribunal de commerce sous le N°411.
Le mercredi 1er Mai Louis Alphonse est appelé à sièger comme juré à la deuxième session trimestrielle de la cour d’assise de Moselle.
Georges Labrosse, petit-fils de Joseph Hitter, élevé dans l’esprit de patriotisme et de revanche des Lorrains, a rejoint l’armée française comme officier-interprète
Dès les premiers jours de la déclaration de la guerre de 14/18, les biens immobiliers, brasserie, commerce de vins sont détruits à la dynamite sur ordre du général von Oven, gouverneur de Metz et incendiaire de Nomeny.
cpa: Collection Jacques Sassi
Jeanne Labrosse, la soeur de Georges, est conduite dans les fossés du Fort Saint-Julien puis relachée après un simulacre de peloton d’exécution.
On pouvait encore apercevoir quelques caves voûtées en face des N° 80 à 90 de la rue Jean Burger.
Photos : Jacques Sassi – juillet 2000
Réalisation : Sassi Jacques
La maison d’hôtes
Bois de Coulange
57360 Amnéville les Thermes
Contacts : www.lamaisondhotes.fr
Sources: Archives départementales de la Moselle- Archives des villes deMetz et Thionville. Tribunal de Commerce
Recherche la généalogie des familles Hitter et Labrosse. Tout document relatif aux brasseries de Moselle(même photocopiés)
Collectionne : Cartes postales des brasseries de France
Cartes postales des Cafés de Moselle
Tout objet publicitaire de brasseries
Possibilité d’échanges de pièces
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